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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/130

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Il régnoit autrefois dans les bals une grosse gaieté ; il n’y en a plus ; on s’observe sous le masque autant que dans la société.

J’ai vu à Paris un bal où cinquante **** avoient sous leurs dominos six coups à tirer. Il est vrai qu’on ne le sut que le lendemain ; mais il faut avouer que c’étoit un singulier bal que celui-là.

C’est au bal, vers le matin, que l’on peut dire qu’à Paris sur-tout on rencontre des laideurs aimables.

Je suis fâché qu’on y perde insensiblement cette tournure attentive & polie que l’on doit aux femmes dans toutes les circonstances, & sur-tout dans une assemblée publique.

Quand un carme, un cordelier, un bénédictin s’échappant du cloître, a pu assister une fois au bal de l’opéra sans être vu ni reconnu, il s’estime le plus heureux des hommes ; il ne sait pas que l’ordre lévitique y abonde, & que les petits collets qui courent tout le jour en habit violet, sont blasés sur ce divertissement.