Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 153 )

fait la femme ; mais comme les trois quarts des hommes sont sans caractere, sans force, sans dignité, il y a une foule de femmes dissipées, dépensieres, galantes, & insolemment altieres.

C’est le principal défaut de nos femmes, que l’orgueil, le rang & l’opulence ont enivrées de trop bonne heure. Rien ne choque plus que ce ton étrange ; parce que la femme, quelle qu’elle soit, ne peut jamais imprimer à son regard l’insolence ou l’injure, sans perdre de ses graces, de sa dignité & de son empire réel. La nature a voulu qu’elle ne pût jamais s’élever au-dessus d’un homme par son geste ou par son accent, sous peine à l’instant même de paroître odieuse & ridicule. Rien ne la dispense de cette subordination éternelle, fût-elle sur le trône du monde. Elle peut commander, faire agir toutes les passions despotiques, & même orgueilleuses : mais il ne lui est pas permis d’être insolente envers un homme, c’est-à-dire, d’oser mépriser son maître.