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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/156

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Les femmes qui ne comprennent guere une idée politique, pour peu qu’elle soit vaste & un peu compliquée, ont des notions admirables sur l’ordre & l’économie domestique. Elles sont précieuses chez un peuple qui vient de naître, & en même tems chez celui qui est tout-à-fait corrompu. Elles réparent à Paris, dans l’intérieur des maisons, le mal que la législation fait au-dehors.

Chez les républicains, les femmes ne sont que des ménageres ; mais les femmes sont pleines de lumieres, de sens & d’expérience. Lorsque la nation n’existe point encore, ou bien lorsqu’elle n’existe plus, c’est alors qu’il faut les consulter ; car, étrangeres aux liens du patriotisme, elles tiennent merveilleusement aux doux liens de la sociabilité.

Voilà leur véritable empire à Paris. Elles sont riantes, douces & aimables, tant qu’elles représentent. Dans l’intérieur domestique, elles font payer à ce qui les environne, la contrainte qu’elles s’imposent dans le monde.