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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/158

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À un certain âge, la femme qui ne se fait pas bel-esprit, se constitue dévote. Elle en prend la contenance, assiste à tous les sermons, court toutes les bénédictions, visite son directeur, & s’imagine ensuite qu’il n’y a qu’elle au monde qui fasse de bonnes actions. Elle se le persuade si bien, qu’elle damne tous ceux qu’elle rencontre, & surtout ceux qui impriment.

Nos femmes ont perdu le caractere le plus touchant de leur sexe, la timidité, la simplicité, la pudeur naïve ; elles ont remplacé cette perte immense par les agrémens de l’esprit, les graces du langage & des manieres ; elles sont plus courues, moins respectées : on les aime sans croire à leur amour ; elles ont des amans plutôt que des amis. Ceux-là disparoissent, & ceux-ci ont le malheur de les ennuyer. Elles se trouvent seules sur le retour de l’âge, après avoir passé au milieu de tant d’hommes dont elles ont plutôt captivé le cœur que l’estime.

Elles ont fait trop de chemin pour pou-