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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/173

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& n’est soumis qu’au joug politique…

Ô comme tout devient facile & naturel ! Ce qui enflammoit l’imagination de nos aïeux mélancoliques, est à peine un sujet de plaisanterie. Ces idées sublimes, qui avoient égaré des têtes ardentes, qui leur avoient inspiré ce fanatisme opiniâtre qui tient à de fortes pensées, & qui fait peut-être les grands hommes, ne paroissent plus que sur un stérile papier, où elles sont jugées, non sur leur degré d’élévation & de force, mais sur l’expression qui les habille & les décore. M. de la Harpe vous dira que Milton, Dante, Shakespear, &c. sont des écrivains monstrueux. Il est vrai que M. l’académicien est éloigné de cette monstruosité.

Ce beau même qui, comme une statue inanimée & polie, n’avoit parlé qu’à l’ame, ne semble plus qu’une image intellectuelle, faite pour les rêveries des philosophes. Mais le joli est venu à son tour ; le joli a touché tous les sens ; le joli est toujours charmant, jusques dans ses caprices. Il prête en effet des