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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/172

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C’est l’heureux siecle où l’on répand plus d’aisance dans le commerce de la vie, où l’on brillante tous les objets, où l’on imagine chaque jour de nouveaux divertissemens pour chasser l’immortel ennui.

On voit naître enfin la bonne compagnie, terme parfait de la succession graduelle des choses ; & la coëffure devient l’affaire importante & capitale.

L’amour n’est plus aussi cette flamme consumante qui faisoit pleurer les Achilles, qui poussoit les Paladins à travers les monts & les forêts ; c’est une affaire de vanité : & telle femme s’imagine l’emporter en mérite sur les autres femmes à proportion de ses amans. Elles ont le cœur assez bon pour se croire obligées de faire beaucoup d’heureux. Tout change ; mais c’est pour le mieux. Fils ! vous ne dépendrez plus servilement d’un pere qui pensoit bonnement que la nature lui avoit donné quelqu’empire sur vous. Femmes ! vous vous moquerez de votre époux ; plus de liens gênans ; chaque individu est libre,