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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/175

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Transportons en idée dans nos villes un de ces hommes qui peuploient jadis les forêts de la Germanie, & qui reparoissent encore sur notre globe sous les noms de Tartares, de Hongrois, &c. Vous appercevrez une haute stature, une large & forte poitrine, un menton qui nourrit une barbe rude & épaisse, des bras charnus, une jambe fortement tendue, qui à chaque pas fait jouer un faisceau de muscles élastiques & souples. Cet homme est aussi agile que robuste. Il supporte la faim, la soif ; il couche sur la terre ; si brave l’ennemi, les saisons & la mort. Plaçons à ses côtés cet élégant que les graces ont semblé caresser en le formant ; il exhale au loin une odeur d’ambre ; son sourire est doux, & ses yeux sont vifs. À peine son menton porte l’empreinte de la virilité ; la jambe est fine & légere ; ses mains semblent créées, non pour les travaux de Mars, mais pour parler les trésors de l’amour. La saillie étincele en sortant de sa bouche de rose ; il voltige comme l’abeille, & ne paroît formé