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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/178

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nos yeux en sont fatigués. Le sublime est au sein de cette immense forêt, dans ce désert sans bornes, dans les augustes ténebres de ce temple solitaire. Il se déploie sur la voûte radieuse du firmament ; il vole sur les ailes des tempêtes ; il s’éleve avec ce volcan dont la flamme rouge & sombre embrase la nue ; il accompagne la majesté de ces vastes débordemens ; il regne sur cet Océan qui joint les deux mondes ; il descend dans ces cavernes profondes où la terre montre ses entrailles ouvertes & déchirées. Mais le joli, le joli, qu’il est rare ! Il se cache avec un soin égal à la gentillesse ; il faut le découvrir ; c’est-à-dire, savoir le reconnoître. Où se trouvent les yeux fins & exercés, qui sont dans la confidence de ses graces ? C’est une fleur passagere, qu’un rayon va brûler, qu’un souffle va détruire ; c’est à la main de l’homme à la cueillir, sans flétrir son doux velouté ; c’est à elle seule qu’il appartient de composer le bouquet fait pour le sein de la beauté.

C’est peu : l’homme unit son industrie à