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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/193

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épuisé tromper la bouche affamée de l’enfant chéri, dont la débile existence pese à celle qui lui a donné le jour, & qui ne peut retarder que de quelques instans la mort prête à l’enlever. Là, l’homme vieilli à cinquante ans sous le faix des travaux publics, n’a d’autre perspective que la consolation d’être reçu dans un hôpital pour y mourir. Ô vous ! qui nagez dans l’opulence, qui foulez ce même peuple sous les pieds de vos chevaux, tandis que votre regard encore plus cruel plonge sur lui avec dédain & orgueil, ne croyez pas que ses maux soient sans remedes : ne vous persuadez pas que le malheur soit l’inévitable partage de la plus nombreuse portion d’hommes. Voyez dans le bien commencé le bien qui reste à faire, & ne pensez pas que les moyens manquent pour secourir l’humanité souffrante.

Il est peu d’hommes qui, en donnant aux pauvres, n’ait réfléchi qu’il n’alloit pas assez loin, & que son superflu appartenoit de droit & en entier aux indigens. Mais on étouffe