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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/194

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cette voix secrete, qui est autant le cri de la justice que celui de la pitié. On s’étourdit, on étend son nécessaire au-delà de ses vraies dimensions : on le sent, on cherche à se le cacher ; mais on s’avoue à soi-même qu’on n’a qu’une charité mesquine & imparfaite. Le trait de la vérité échappe à notre propre & secret aveu ; tant la conscience est un sentiment profond, durable, armé contre nous-mêmes ! On l’affoiblit, mais on ne l’éteint jamais.

Je laisse ceux qui me liront, sur cette réflexion, persuadé que, s’ils la négligent, elle s’élèvera un jour d’une maniere terrible contr’eux, & au moment où ils voudroient avoir accompli le bien qu’il sera trop tard de vouloir faire. Je les préviens qu’il n’y aura plus alors que l’idée consolante d’avoir été humains, secourables, qui applanira pour eux ce passage si redoutable pour quiconque n’a pas obéi à cette voix intime, notre premier & incorruptible juge.