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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/210

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pour trente sols de plus sur un setier, le bled que j’ai vu croître sous mes yeux ; le citoyen doit être nourri, & de préférence, des productions de son sol.

Les monopoles, tantôt sur les œufs, tantôt sur les légumes, tantôt sur les fruits, tantôt sur les épices, ne sont que trop fréquens dans la capitale, & l’on pourroit accuser les suppôts de la police de complicité ; car elle n’a pas toujours été assez vigilante à réprimer ces indignes abus, qui affament la partie indigente du peuple & lui font détester l’existence.

Quelquefois les hommes en place ne rougissent pas de prêter & d’avancer leur argent pour ces opérations abominables. Sous le voile qui les couvre, & qu’ils croient impénétrable, ils jouissent des fruits infames de leur avarice. Ce crime devenu commun, a flétri des noms jusqu’alors respectés ; c’est un nouveau forfait de l’opulence, & presqu’inconnu avant ce siecle. J’ai vu arrher & accaparer les choux, les poires & même les laitues.