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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/218

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veaux, sont funestes. Ils peuplent la terre de forêts, puis de biches & de daims : ils s’épuisent en jardins-fleuristes, & l’oppression des riches va toujours écrasant la partie la plus malheureuse.

On a traité les pauvres, en 1769 & dans les trois années suivantes, avec une atrocité, une barbarie qui feront une tache ineffaçable à un siecle qu’on appelle humain & éclairé. On eût dit qu’on en vouloit détruire la race entiere, tant on mit en oubli les préceptes de la charité. Ils moururent presque tous dans les dépôts, espece de prisons où l’indigence est punie comme le crime.

On vit des enlevemens qui se faisoient de nuit par des ordres secrets. Des vieillards, des enfans, des femmes perdirent tout-à-coup leur liberté, & furent jetés dans des prisons infectes, sans qu’on sût leur imposer un travail consolateur. Ils expirerent en invoquant en vain les loix protectrices & la miséricorde des hommes en place.

Le prétexte étoit, que l’indigence est voi-