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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/240

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La tendresse maternelle s’éteignoit devant le fatal point d’honneur, lorsque le généreux saint Vincent de Paule (qui mériteroit un éloge de la main du panégyriste de Descartes & de Marc-Aurele) offrit un asyle à ces innocentes victimes, qui doivent le jour à la foiblesse, à la séduction, ou au libertinage.

J’ai dit que le nombre des enfans trouvés montoit à sept mille par année ; mais il faut observer qu’un grand nombre de ces enfans viennent de la province. Là, quand une fille devient mere, elle fait partir secrétement l’enfant qu’elle craint de conserver, & que dans toute autre circonstance elle eût idolâtré.

Ce malheureux enfant, qui perdroit celle qui lui a donné le jour, exilé par le préjugé, au moment de sa naissance, est recueilli, de lieue en lieue, par des mains mercenaires. Hélas ! c’est peut-être un Corneille, un Fontenelle, un le Sueur, qui dans ce transport va succomber à l’intempérie des saisons, aux fatigues du voyage ; l’oserai-je