Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 239 )

dire, au défaut de la nourriture ; & ce qu’il y a d’incroyable, c’est que ce même enfant, venu de Normandie ou de Picardie à travers mille dangers, y retournera le soir même de son arrivée à Paris, parce que le sort lui aura donné à la crêche une nourice Normande ou Picarde.

C’est un homme qui apporte sur son dos les enfans nouveaux-nés, dans une boîte matelassée, qui peut en contenir trois. Ils sont debout dans leur maillot, respirant l’air par en-haut. L’homme ne s’arrête que pour prendre ses repas & leur faire sucer un peu de lait. Quand il ouvre sa boîte, il en trouve souvent un de mort ; il acheve le voyage avec les deux autres, impatient de se débarrasser du dépôt. Quand il l’a déposé à l’hôpital, il repart sur-le-champ pour recommencer le même emploi, qui est son gagne-pain.

Presque tous les enfans qu’on transporte de Lorraine par Vitry, périssent dans cette ville. Metz a vu dans une seule année neuf