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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/242

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cents enfans exposés. Quelle matiere à réflexion !

Il seroit tems de chercher un remede à ce mal. Ou il faudroit cesser de mésestimer la fille honnête & courageuse qui nourriroit de son lait son enfant, & racheteroit ainsi sa faute par tous les soins maternels ; ou il faudroit épargner à ces enfans ce transport pénible, qui en moissonne le tiers, tandis qu’un autre tiers périt avant l’âge de cinq ans.

En Prusse toutes les filles nourrissent leurs enfans, & publiquement. Il seroit puni, celui qui les offenseroit de paroles dans cette auguste fonction de la nature. On s’accoutume à ne voir plus en elles que des meres ; voilà ce qu’a fait un roi philosophe ; voilà comme il a donné des idées saines à sa nation.

On avoit proposé de substituer au lait de femme, celui de chevre & de vache : le Nord se trouve très-bien de ce systême. Pourquoi ne profiterions-nous pas de l’idée que nous avons donnée aux nations étrangeres ? Elles