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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/248

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ticulés ; & comme la capitale est un amas confus & incohérent d’hommes qui n’ont ni terres à cultiver, ni manufactures à diriger, ni charges à remplir, qui sont écrasés du fardeau journalier de l’indigence, & qui ne peuvent vivre que d’une industrie prompte & particuliere, il faut, puisque le mal est fait, & qu’on a toléré tant de sortes d’abus, il faut donner des moyens de subsistance à cette foule d’hommes qui pourroient faire pis.

L’état autorise publiquement une loterie, qui n’est qu’un jeu de hasard, toujours favorable au banquier, & dont le gain est pour lui seul. Et pourquoi interdire les mêmes jeux aux particuliers, tandis qu’on les ruine d’une maniere toujours infructueuse pour chacun d’eux ? C’est l’état qui joue, mais qui joue à coup sûr. Qu’il restitue donc aux particuliers les avantages & les bénéfices : il vaut mieux qu’un homme soit joueur que d’être un usurier, un escroc, un voleur. Dès que l’oisiveté regne dans une grande ville, le seul moyen de parer à sa destruction inévitable,