Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 245 )

tipliées ? Parlons à une ville dépravée, & dans une ville corrompue. Depuis que la société a admis & consacré par ses loix même une prodigieuse inégalité de fortunes, le grand forfait a été commis, & depuis chacun a & a dû avoir sa maniere d’exister. C’est un combat perpétuel, où tout fait effort sur la masse des richesses, pour en détacher quelque partie. Il ne s’agit plus ici des loix platoniques ; il faut considérer aujourd’hui le renversement de la société naturelle, les effets monstrueux du luxe, & la dépravation générale qu’il a entraînée. L’état est un corps malade, gangrené ; il ne s’agit pas de lui imposer les devoirs d’un corps sain & vigoureux, mais de le traiter conformément à ses plaies presqu’incurables.

Le luxe seul peut guérir les plaies du luxe : c’est un poison devenu nécessaire à l’ensemble. La premiere loi est de vivre. Le spectacle le plus hideux est le visage de la misere oisive, & qui attend la mort, les bras croises, en poussant quelques gémissemens inar-