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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/266

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pable, lorsqu’il s’agit de constater un délit ; mais la prison étant déjà une peine très-grave, elle doit être adoucie autant qu’il est possible qu’elle le soit. Or, pour s’assurer de ma personne, il ne faut pas pour cela attaquer ma santé, me priver des regards du soleil & de l’air, me jeter dans une demeure infecte, me faire languir au milieu d’une troupe de brigands, dont la seule vue est un supplice.

Si le soupçon exige que je sois totalement privé de ma liberté, que je ne sois point à la merci de l’avarice d’un geôlier ; qu’en m’arrachant à mes foyers, on ne me confonde point avec ceux qu’on va conduire au gibet ; car je puis être innocent.

La loi ne me devra aucun dédommagement, quand elle aura reconnu mon innocence ; d’accord : parce qu’elle aura agi au nom de l’intérêt général, auquel tout est & doit être subordonné. Mais que je n’emporte pas une affreuse maladie de ma captivité, tandis qu’il est si facile de m’épargner ces hor-