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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/270

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courant & hurlant, vend la sentence encore humide ; on l’achete pour savoir le nom du coupable, & apprendre quel est son crime : on a bientôt oublié l’un & l’autre. C’est une condamnation subite qui vient épouvanter les esprits au moment où l’on ne s’y attendoit pas.

La populace quitte les atteliers & les boutiques, & s’attroupe autour de l’échafaud, pour examiner de quelle maniere le patient accomplira le grand acte de mourir en public au milieu des tourmens.

Le philosophe qui, du fond de son asyle, entend crier la sentence, gémit ; & se remettant à son bureau, le cœur gonflé, l’œil attendri, il écrit sur les loix pénales & sur ce qui nécessite le supplice ; il examine si le gouvernement, la loi n’ont rien à se reprocher ; & tandis qu’il plaide la cause de l’humanité dans son cabinet solitaire, & qu’il songe à remporter le prix de Berne, le bourreau frappe avec une large barre de fer, écrase le malheureux sous onze coups, le replie sur