Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 283 )

vengeance la plus noire & la plus abominable. Il enferma furtivement, dans la cassette où cette fille mettoit ses hardes, plusieurs effets à lui appartenans & marqués à son nom ; puis il cria qu’il étoit volé, appella un commissaire, & fit sa déposition en justice : à l’ouverture de la cassette, on reconnut les effets qu’il avoit réclamés.

La pauvre servante emprisonnée, n’avoit que ses pleurs pour défense ; & pour toute réponse aux interrogatoires, elle disoit qu’elle étoit innocente. On ne sauroit trop accuser notre jurisprudence criminelle, quand on songe que les juges n’eurent aucun soupçon de la scélératesse de l’accusateur, & qu’ils suivirent la loi dans toute sa rigueur ; rigueur excessive, & qui devroit disparoître de notre code, pour faire place à un simple châtiment, qui laisseroit moins de vols impunis.

La fille innocente fut condamnée à être pendue. Elle le fut mal, parce que c’étoit le coup d’essai du fils de l’exécuteur des