Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 284 )

hautes œuvres. Un chirurgien avoit acheté le corps. Il fut porté chez lui. Voulant le soir même y porter le scalpel, il sentit un reste de chaleur ; l’acier tranchant lui tomba des mains, & il mit dans son lit celle qu’il alloit disséquer.

Ses soins pour la rappeller à la vie ne furent pas inutiles ; il manda en même tems un ecclésiastique, dont il connoissoit la discrétion & l’expérience, tant pour le consulter sur cet étrange événement, que pour être témoin de sa conduite.

Au moment que cette fille infortunée ouvrit les yeux, elle se crut dans l’autre monde ; & appercevant la figure du prêtre, qui avoit une grosse tête & une physionomie fortement prononcée, (car je l’ai connu, & c’est de lui que je tiens ce fait) elle joignit les mains avec tremblement, & s’écria : Pere éternel, vous savez mon innocence, ayez pitié, de moi. Elle ne cessa d’invoquer cet ecclésiastique, croyant voir Dieu même. On fut long-tems à lui persuader qu’elle n’étoit pas