Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 285 )

décédée, tant l’idée du supplice & de la mort avoit frappé son imagination ! Rien n’étoit plus touchant & plus expressif que ce cri d’une ame innocente, qui s’élevoit vers celui qu’elle regardoit comme son juge suprême ; & au défaut de sa beauté attendrissante, ce spectacle unique étoit fait pour intéresser vivement l’homme sensible & l’homme observateur. Quel tableau pour un peintre ! Quel récit pour un philosophe ! Quelle instruction pour un homme de loi !

Le procès ne fut pas fournis à une nouvelle révision, ainsi qu’on l’a imprimé dans le Journal de Paris. La servante guérie de son effroi, revenue à la vie, ayant reconnu un homme dans celui qu’elle adoroit, & qui lui fit reporter ses prieres vers le seul Être adorable, quitta pendant la nuit la maison du chirurgien doublement inquiet pour cette fille & pour lui. Elle alla se cacher dans un village éloigné, tremblant de rencontrer les juges, les satellites & l’affreux poteau, qui poursuivoient ses regards.