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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/294

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ses gonds effrayans, s’ouvre, non à demi, comme de coutume, & une voix inconnue lui dit qu’il peut sortir.

Il croit que c’est un rêve : il hésite, il se leve, s’achemine d’un pas tremblant, & s’étonne de l’espace qu’il parcourt. L’escalier de la prison, la salle, la cour, tout lui paroît vaste, immense, presque sans bornes. Il s’arrête comme égaré & perdu ; ses yeux ont peine à supporter la clarté du grand jour ; il regarde le ciel comme un objet nouveau ; son œil est fixe ; il ne peut pas pleurer : stupéfait de pouvoir changer de place, ses jambes malgré lui demeurent aussi immobiles que sa langue. Il franchit enfin le redoutable guichet.

Quand il se sentit rouler dans la voiture qui devoit le ramener à son ancienne habitation, il poussa des cris inarticulés ; il ne put en supporter le mouvement extraordinaire, il fallut le faire descendre.

Conduit par un bras charitable, il demande la rue où il logeoit ; il arrive ; sa maison n’y est plus ; un édifice public la rem-