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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/307

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Monseigneur, le fait passer dans son cabinet & lui redemande le porte-feuille. Monseigneur n’est plus rien. Il fait mettre à voix basse deux chevaux à sa plus humble voiture, quitte Versailles sans revoir le visage du maître qui le chasse, & va dîner seul à Paris avec son chagrin, & loin de la cohue brillante qui lui prodiguoit les révérences & les adulations. Cette foule qui apprend la nouvelle, se disperse pour aller dîner ailleurs, & chacun dit à part soi : demain j’irai voir le successeur & le féliciter.

Comment cette portion de royauté que l’homme puissant tenoit entre ses mains lui échappe-t-elle tout-à coup ? Cela a l’air d’un songe, d’un acte de féerie. Les hommes en place ne sont-ils que des pantins, ainsi que l’a dit Diderot ? Coupez le fil qui le faisoit mouvoir, le pantin reste immobile.

Et que fait le pantin réduit à lui-même ? Il cherche à culbuter à son tour celui qui l’a fait choir ; il compose de nouveaux rêves de grandeur ; il ne peut se résoudre à n’être