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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/314

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On dit qu’un ex-jésuite nommé Beauregard, qui affecte la véhémence, a cru atteindre le sublime de son art, en s’écriant dans ses transports risibles & frénétiques : On nous accuse d’intolérance. Eh ! ne sait-on pas que la charité a ses fureurs, & que le zele a ses vengeances ? Une autre fois il commença ainsi un discours : Approchez, acolyte, tirez les rideaux, voilez le sanctuaire… je vais parler des philosophes… Cela est fort plaisant.

Tel autre prédicateur prêche dans un fauxbourg de Paris, ou dans un misérable village, un sermon qu’il a composé contre le luxe. Mes freres, dit-il en apostrophant un auditoire déguenillé, la sensualité de vos tables, ces mots recherchés, ces délicatesses voluptueuses qui réveillent vos sens engourdis & fatigués de plaisir… Et il débite cela à de pauvres malheureux qui ne mangent le dimanche que du pain, du lard, des choux à l’eau & au sel.

Que fait-il ? La répétition d’un discours qu’il prononcera le lendemain à Saint-Roch,