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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/323

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la seule place que la patrie lui offroit, & la plus propre à récompenser ses travaux. C’est pour un grand une jouissance de plus, que de déposséder un homme de lettres qui n’a pour lui que la voix publique. Le bon Patru, qui étoit franc du collier, récita à l’académie cet apologue, lorsqu’elle voulut nommer un grand Seigneur ignorant, au lieu d’admettre un écrivain connu : Un ancien Grec avoit une lyre admirable, à laquelle se rompit une corde ; au lieu d’en remettre une de boyau, Il en voulut une d’argent, & la lyre n’eut plus d’harmonie.

Je crois que les gens de lettres feroient beaucoup mieux, s’ils prenoient le parti de renoncer de bonne heure à cette récompense insidieuse. Leurs talens en auroient certainement plus de vigueur & de liberté. Ils ne troqueroient plus follement la gloire qui les attend loin des murs de la capitale, pour obtenir la renommée de Paris, toujours orageuse, & qui ne s’y concentre que pour bientôt mourir.