Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 340 )

un homme dans tel quartier : on lui écrit ; les billets économisent le tems, remplacent les visites, & font qu’on ne se déplace pas pour des riens.

C’étoient autrefois en Italie les vendeurs de poulets qui portoient les billets doux aux femmes ; ils glissoient le billet sous l’aile du plus gros, & la dame avertie ne manquoit pas de le prendre. Ce manege ayant été découvert, le premier messager d’amour qui fut pris, fut puni par l’estrapade, avec des poulets vivans attachés aux pieds. Depuis ce tems, poulet est synonyme à billet doux. Les commis ambulans de la petite poste en portent & rapportent sans cesse ; mais une cire fragile & respectée tient sous le voile ces secrets amoureux ; le mari prudent n’ouvre jamais les billets adressés à sa femme.

Les amis s’avertissent pour les jours qu’ils veulent passer ensemble ; le commerce de la vie s’embellit de cette facilité. Mais on écrit pour ses affaires ou pour ses plaisirs, parce que ce seroit une grande imprudence d’écrire