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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/343

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autrement ; le tout étant entre les mains de la police, qui veut savoir jusqu’aux choses indifférentes.

L’inconvénient est, que les anonymes qui vous écrivent des injures, sont plus à leur aise. Mais toute lettre anonyme est d’un lâche, & dès-lors méprisable. Cet abus ne sauroit contre-balancer l’utilité générale.

Les gens en place ou célebres reçoivent une foule de lettres oiseuses ; cette affluence ne peut manquer de les distraire, & à la longue de les fatiguer. Le fardeau d’une vaste correspondance est un malheur attaché à la renommée ; on perd des heures précieuses à répondre à des futilités, & à tracer sur le papier des complimens stériles ou des choses extrêmement vagues.

On ne doit qu’à ses intimes amis le tableau de ses véritables idées : on est obligé de dissimuler avec les autres, parce qu’ils sont toujours prêts à montrer vos lettres, à les faire circuler, & même à les imprimer. Il faut être très-circonspect avec la multitude ;