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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/36

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veux longs, les Laïs à la tête haute y circulent & font foule.

Quand on compare ces Vaux-Hall aux lieux charmans de Londres, on voit que le François ne connoît qu’un genre de plaisir, celui de voir & d’être vu. L’Anglois a des goûts plus vifs, plus variés, plus profonds ; il ne se nourrit pas de vanité, de l’étalage, de la parure, de clinquant, d’une promenade en rond mille fois répétée devant les mêmes objets. Il lui faut des divertissemens plus substanciels. La différence des gouvernemens enfin se fait sentir par le contraste de la froide élégance de nos assemblées & de l’abondance variée & piquante qui regne en Angleterre.

Il est vrai que l’Anglois donne une guinée, & que nous déboursons mesquinement trente sols. Puis, qui ne se mêle pas de nos plaisirs ; c’est-à-dire, qui ne les corrompt pas ? L’autorité préside à tous nos divertissemens : on nous les arrange & il ne nous est pas permis de les modifier.