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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/68

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verain élevée avec pompe sur le même pavé où l’on a écartelé Ravaillac & Damien : comment les emblêmes mythologiques de la joie publique peuvent-ils succéder à la roue & au bûcher ? & comment érige-t-on les armes de France au même endroit où trois jours auparavant l’échafaud dégouttoit du sang du crime ? Comment & pourquoi le corps municipal a-t-il eu si long-tems des idées si basses & si rampantes ? Pourquoi ! C’est qu’il vouloit appercevoir de ses fenêtres & avec la même aisance le feu de joie & la potence.

Connoissez-vous, mes chers lecteurs, un beau feu d’artifice ? C’est celui qu’a donné le feu roi de Danemarck ; il fit dresser une belle charpente. Le peuple amoncelé s’attendoit aux fusées volantes, au bruit des pétards, aux gerbes brillantes & passageres. Quatre hérauts d’armes, magnifiquement vêtus, parurent aux quatre coins de l’édifice ; ils tirerent chacun un papier, le peuple fit silence ; c’étoit un édit généreux, qui remet-