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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/7

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paysan : savez-vous pourquoi ? C’est parce qu’ils héritent vraiment de tout le monde.

Il faut que le brigandage soit porté loin, pour qu’il soit réprimé. Les procureurs en sont presque toujours quittes à l’audience, pour des sarcasmes de la part des avocats, & des menaces d’interdiction de la part des juges. L’un d’eux disant un jour au plus effronté : maître un tel, vous êtes un frippon. — Monseigneur a toujours le petit mot pour rire, répondit le praticien.

Quelques procureurs roulent carrosse, & tirent de leur greffe quarante à cinquante mille francs par an. Les avocats les courtisent assidument, pour avoir des causes. Ils font le soir la partie de madame en cheveux longs, & l’encensent de tout leur pouvoir, afin que le choix tombe sur eux pour les pieces d’écritures, partie lucrative, chere à l’ordre, & qui mérite bien qu’on déroge un peu à l’art de l’orateur & que l’on ménage les bonnes graces de la femme du praticien.

C’est toujours lui qui choisit l’avocat. Le