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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/8

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plaideur ne connoît que la boutique du procureur ; & comme il faut commencer par l’assignation, le praticien est nécessairement l’agent de toute la procédure : aussi les avocats sont-ils plus souples & plus dociles devant les procureurs, que l’apothicaire ne l’est devant un docteur de la faculté.

Il faut passer par les longues épreuves de la cléricature, pour être habile à posséder une charge ; il faut monter lentement la pénible échelle. Ce triste noviciat est de huit à dix années. Ainsi les procureurs ont des clercs à bon marché ; le maître-clerc lui-même, limonnier de l’étude, n’a que de foibles gages ; les autres clercs barbouillent le papier du matin au soir pour leur pauvre nourriture. Ils vivent d’espérance, logent dans des mansardes, en attendant une charge vacante.

Les plus adroits, dans les petites études, tâchent d’intéresser la procureuse, afin d’adoucir la rigueur de leur joug ; mais dans les grandes, madame ne sauroit se résoudre à manger avec des clercs.