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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/74

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L’abbé Pellegrin n’étoit pas marié ; mais il faisoit des opéras tout en disant la messe. Le démon ne présidoit pas à ses compositions ; car elles étoient extrêmement froides. On fit sur lui ces vers :

Le matin catholique, & le soir idolâtre,
Il dîne de l’autel & soupe du théatre.

Un prince ayant nommé pour son aumônier l’abbé P*** connu par ses nombreuses & intéressantes productions, lui dit à sa premiere audience : M. l’abbé, vous voulez donc être mon aumônier ; mais sachez que je n’entends point de messes. — Et moi, monseigneur, je n’en dis point.

On appelloit messe musquée, une messe tardive, qui se disoit, il y a quelques années, au Saint-Esprit à deux heures ; le beau monde paresseux s’y rendoit en foule avant le dîner. On donnoit trois livres au prêtre, parce qu’il étoit obligé de jeûner jusqu’à cette heure ; la loueuse de chaises y gagnoit encore. L’archevêque a défendu cette messe, & l’on a pris depuis la méthode de s’en passer. Il auroit