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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/78

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CHAPITRE CCXXV.

Messe de la Pie.


Un bourgeois avoit perdu plusieurs fourchettes d’argent ; il en accusa sa servante, porta sa plainte & la livra à la justice. La justice la pendit. Les fourchettes se retrouverent six mois après sur un vieux toit derriere un amas de tuiles, où une pie les avoit cachées. On sait que cet oiseau, par un instinct inexplicable, dérobe & amasse des matieres d’or & d’argent. On fonda à Saint-Jean-en-Greve une messe annuelle pour le repos de l’ame innocente. L’ame des juges en avoit un plus grand besoin.

C’est fort bien fait que de dire une messe : mais il falloit ensuite rendre l’instruction plus scrupuleuse, abolir cette peine disproportionnée au délit ; car la sévérité excessive de la loi l’annulle entierement ; & le vol domestique, très-fréquent parmi nous, est presque