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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/83

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mêmes cérémonies, lèvent les épaules, & se moquent de la procession des petits, quand ils la rencontrent.

Le marquis de Brunoi, fils du banquier Montmartel, riche de vingt-six millions, dépensoit à Brunoi cent mille écus pour le reposoir & la procession de cette fête annuelle. Jaloux d’imprimer le plus grand éclat aux cérémonies de l’église, il rassembloit de tous côtés des ecclésiastiques, qu’il chargeoit d’ornemens magnifiques, & qu’il traitoit ensuite d’une maniere splendide. Comme ses parens sollicitoient son interdiction à raison sur-tout de ce faste religieux, il répondit au juge qui lui faisoit subir un interrogatoire : « si j’avois donné cet argent à une courtisanne, on ne l’eût pas trouvé mauvais ; je l’ai appliqué à la décoration du culte catholique dans un royaume catholique, & l’on m’en a fait un crime. »

Ce millionnaire a été interdit sur la requête de ses parens. Les détails de son procès sont infiniment curieux ; & le caractere du