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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/9

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Elle oublie que son mari n’est qu’un ancien clerc qui vient d’acheter une charge. Le nigaud approuve le noble orgueil de sa femme, son panache, ses polonaises, ses femmes-de-chambre, ses tons, ses airs. Il ne veut plus communiquer qu’avec les amis de madame, parce qu’ils lui ont promis une riche clientelle.

Les huissiers, qui marchent à la suite des procureurs, ne sont pas moins redoutables & plus ardens encore à la curée. Quand une fois la breche est ouverte, alors ils montent à l’assaut, & traitent une maison comme une ville livrée au pillage. Voyez le vautour acharné sur sa proie, & qui la dépece avec son bec noir & crochu ; c’est l’image de leur joie avide, quand leurs mains armées de la fatale plume saisissent les meubles pour les porter en vente sur la place publique.

Ces mêmes huissiers qui, comme une meute dévorante, se déchaînent contre les particuliers pour peu que la bride leur soit lâchée, n’osent porter un exploit à un membre du parlement ou à un homme en place ; c’est à