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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/177

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fantaisies. L’épouse d’un marchand d’étoffes, d’un épicier détailleur, d’un mercier, a plus d’écus à sa disposition, pour ses menus plaisirs, que l’épouse d’un notaire n’a de pièces de douze sous. Les femmes des gens de plume ne font rien, & leur poche est à sec ; elles n’obtiennent quelque chose que des libéralités volontaires de leurs maris, & tous les gens de plume calculent. Le marchand détailleur, dans un commerce toujours renouvellé, calcule moins toutes les fractions. Elles tombent journellement dans la poche de la femme qui tient les clefs du comptoir.

Rien de plus triste que les moitiés des gens de plume ; elles font la moue en comparaison de ces grosses réjouies qui dominent un comptoir, parlent à tout venant, remuent du matin au soir la monnoie ; Celles-ci ont une gaieté franche, se divertissent le dimanche sans recourir à la générosité maritale ; elles se moquent des femmes de procureurs & même de notaires, qui, voulant faire les femmes de demi-qualité, s’ennuient à mourir ; & sont précisément