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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/209

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en général meut la nation, & qui influe dans les dernières classes.

Mais le trouveur n’est pas susceptible de cette délicatesse. Ce n’est point un escroc, ce n’est point un filou ; cependant il marche immédiatement après eux. Il dit que c’est la Providence qui lui envoie ce qu’il trouve ; enfin, il s’imagine que c’est une profession, parce qu’il précède l’aurore, & qu’il rend quelquefois, par pudeur, un bijou de grand prix, qu’il n’ose s’approprier. Voilà une vertu, qui chez lui, comme chez les autres hommes, sert à lui déguiser les autres délits sur lesquels il s’aveugle.

Mais revenons à l’œil exercé du trouveur. L’œil exercé, dans toutes les professions, voit à travers l’écorce ; par exemple, sous la grande parure, la parure endimanchée d’un artisan, l’œil exercé le distingue de ceux qui ont toujours joui d’une vie douce & aisée. Les travaux rudes, en tiraillant perpétuellement ses muscles, lui ont ôté les belles formes, & l’ont rendu contrefait à trente ans. Les premiers mouvemens ne se perdent jamais.