Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 215 )

cherche à appliquer, à ce qu’il vient d’entendre, des causes de nullité. On dispute, on se chamaille ; les héritiers disent oui, les légataires disent non ; il y auroit de quoi réveiller le mort. Mais bientôt le chant du de profundis, qu’on entend dans la rue, est le signal de l’enterrement. Les jurés-crieurs affublent de manteaux noirs & longs, & de cravates blanches, les légataires & les héritiers ; chacun suit le corps, en préméditant dans le fond de son ame un procès contre tous concurrens.

Un testament ! comprend-on bien comment l’homme, à l’approche de sa dissolution, ose croire qu’il étendra encore son existence, en donnant des loix même après sa mort ? Y a-t-il une volonté quand l’homme n’est plus ? la mort n’éteint-elle pas toutes les passions ? & les passions survivroient à l’homme, qui ne peut rien emporter ? & il distribue des dons d’après les caprices qui l’agitoient de son vivant ! L’homme n’est réellement que l’usufruitier de ses biens ; & la loi, qui doit tout ramener à une égalité