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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/241

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des allans & des venans est éteinte ; on ne parle qu’en pantomime, & le suisse accompagne silencieusement les visiteurs condoléans ; il précède le médecin, entr’ouvre la porte savonnée, & dit au maître : le voilà.

Ces suisses de porte, de retour chez eux, parlent de leurs maîtres comme de leurs égaux, qu’ils ont servi par pure complaisance ; ils ne reconnoîtront pas M. le duc, ni monseigneur le prince ; hautains dans leurs foyers, ils confirment cet ancien proverbe : Ne sers point celui qui a servi.

Les filles des portiers-suisses font fortune. Elles sont à la porte des temples de Plutus, n’en quittent point le parvis ; & le pontife qui les lorgne, les admet un beau jour dans le sanctuaire. D’ailleurs, elles en connoissent d’avance tous les sentiers, ainsi que celles qui y furent admises.

Ces portiers à bandoulière ont leurs frères, leurs oncles, leurs cousins, qu’on appelle, dans telle partie de la Suisse, M. le conseiller-d’état, M. le colonel, M. le justicier, M. le chancelier : car on est là