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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/263

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nières ; ici, l’on a conservé le châtaignier, ce bel arbre, si méchamment, si bêtement proscrit, & qui donne en abondance des fruits nourrissans : je le retrouve, je l’embrasse, j’ai regret de ne plus le rencontrer sur les grandes routes. Étrangers ! promenez-vous au pré Saint-Gervais, vous verrez que les petites propriétés sont encore les plus florissantes. Laudato ingentia rura, exiguum colito, disoit, il y a dix-huit cents ans, le prince des poètes latins. Promenez-vous sans crainte dans ces lieux chéris de Flore & de Pomone. On ne voit pas aux environs de Paris, ces affreux gibets des justices criminelles, qui épouvantent ailleurs. Les fourches patibulaires de Montfaucon sont dégarnies ; & le nom de ce monticule seroit à peine connu de nos jours, sans ceux de quelques héros de la finance, qui lui ont acquis une juste immortalité.

Ce n’est pas qu’on ne pût trouver encore nombre d’acteurs méritans, & bien dignes d’y figurer ; mais l’or a trouvé l’art d’adoucir ce qu’il y avoit de trop farouche dans les