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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/271

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Je ne dirai point que le fantassin a le droit de percer ces bourreaux ambulans ; toute vengeance est illicite ; & le sang ne rachète point le sang ; mais il seroit à propos que le peuple fît descendre un de ces malheureux étourdis, quand il auroit poussé ses chevaux avec une vélocité barbare, dans des rues fréquentées, & qu’il mît en pièces son cabriolet ou son whiski.

Un whiski, le jour de Pâques 1788, a écrasé, en un clin-d’œil, une femme & un prêtre. J’ai été témoin de l’affreux accident. Je le répète : la capitale est déshonorée par cette indifférence pour la vie des citoyens. On a purgé la ville d’assassins ; mais l’assassinat commis par un homme monté dans un haut cabriolet, diffère-t-il d’un coup de poignard ? Le poignard est plus doux que les roues dentellées d’une voiture, qui vous laissent quelquefois un reste de vie pour souffrir des siècles. On peut échapper à des voleurs-assassins, en se tenant sur ses gardes ; on ne sauroit échapper à ces riches inhumains qui vous passent sur le corps,