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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/293

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n’égale ici-bas l’heureux destin d’être battue & aimée. Les Grecs & les Romains, qui nous valoient bien, battoient leurs femmes & leurs maîtresses ; car le plus grand vice de l’amour, c’est la langueur, la tiédeur. Les rares plaisirs de la volupté veulent être conquis au milieu des tempêtes & des orages ; & la femme qui n’entendra pas ceci, ne méritera pas même un madrigal à la Florian. Qu’elle reste familière avec tous les hommes, elle sortira de la vie sans avoir connu l’amour.

Aussi la rouerie n’a-t-elle eu entrée en France que par les femmes ; ce sont elles qui ont formé ces aimables roués, qui, pour récompense, les apprécient à leur valeur. Autrefois on complimentait les femmes, on les accabloit de soins, de prévenances. Jamais le cavalier ne quittait sa dame ; la galanterie étoit un culte perpétuel. Aujourd’hui on se sépare lestement des femmes, même dans un bal. On les laisse seules ; & les jeunes gens forment des grouppes, où ils parlent de ces mêmes