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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/303

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chaque glace. Ce fut tout à la fois un spectacle alarmant & risible. Les glaces où se miroit le terrible animal, mises en pièces, & ses cornes redoutables mille fois répétées, effrayoient la foule, & faisoient croire, à quelque distance, que trente bœufs s’étoient réfugiés à la fois dans la boutique du pauvre miroitier.

Un autre entre à Saint-Eustache, au milieu du service divin, mêlant ses mugissemens au chant des vêpres, renversant chaises & fidèles ; & pour le faire sortir du temple qu’il profanoit & qu’il ensanglantoit, on fut obligé d’appeller des bouchers, qui amenèrent d’autres bœufs pour inviter l’animal dangereux à quitter ce saint asyle. Les prêtres, cantonnés dans le chœur, ne pouvoient offrir que des bénédictions aux dévots assistans, qui, blessés au pied des autels, métamorphosoient le bœuf, dans leur effroi, en émissaire de la colère divine.

Il seroit d’une sage police de prescrire aux bouchers la manière tout à la fois la plus sûre & la plus prompte de tuer les