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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/315

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que coûtent à tant d’ouvriers ces miroirs que nous plaçons par-tout, & qui forment le principal luxe de nos demeures ? Entrez avec moi dans l’attelier où l’homme s’est soumis à des travaux auxquels un tyran n’auroit osé le condamner ! L’attelier vous surprendra par sa grandeur, par la multiplicité des roues & des moellons, que plus de quatre cents ouvriers, rangés sur des lignes parallèles, font glisser & pirouetter sur les glaces pour les doucir. On admire ensuite l’ordre, la symétrie de ce grand ensemble ; mais bientôt le bruit des roues mises en mouvement, les efforts violens, les contractions effrayantes de tous les membres de l’ouvrier qui halte, souffle, sue, s’excède pour donner de l’éclat & de la transparence à une masse de sable vitrifiée, portent la commisération & la pitié au fond des ames les plus endurcies. Plus d’un spectateur sent ses yeux s’emplir de larmes à la vue de ce labeur infernal, & de l’infortuné que la fatale nécessité semble y attacher avec ses clous de diamans.