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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/316

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C’est à Saint Gobain en Picardie que l’on coule les glaces. Elles arrivent en bateau par l’Oise à Paris. Elles sont alors brutes, ternes & ondulées.

Le volume d’une glace décide du temps qu’il faut employer à la doucir ; & les moindres exigent encore trois jours entiers de travail. La manufacture des glaces fournit les plus grandes que l’on connoisse ; elles vont jusqu’à cent-vingt pouces de grandeur. Que d’angoisses, que d’efforts pénibles jusqu’à ce qu’elles acquièrent cet éclat, cette netteté, cette belle couleur d’eau, qui flatte l’œil si agréablement !

Heureux les Maures qui n’ont pas de mots pour exprimer glaces & vitres, parce qu’ils n’en font aucun usage ! S’ils ne peuvent croire à la répétition de leur figure, ils ne sont pas soumis à ces opérations rudes & mal-saines, qui fatiguent parmi nous nombre d’hommes, & même des femmes de tout âge. Les nègres n’expriment pas de leurs corps une sueur aussi douloureuse.

On ne peut renouveller l’air dans les