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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/323

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la bourse à ne pas s’y tromper. Là, tous ces hommes à argent auroient besoin de lire plus que les autres, pour ne pas perdre tout-à-fait la faculté de penser ; mais ils ne lisent point du tout ; ils donnent à manger à ceux qui écrivent, en ne concevant pas trop comment on exerce un pareil emploi. Le livre le plus précieux pour un financier c’est l’Encyclopédie ; d’abord, parce que ce livre est cher, & ensuite parce qu’il a entendu dire que cet ouvrage volumineux avoit rapporté de l’argent. Tous les habitans de cette rue sont à la lettre des hommes qui travaillent contre leurs concitoyens, & qui n’en éprouvent aucun remords ; ils ne se doutent seulement pas eux-mêmes à quel point ils sont coupables aux yeux des vrais citoyens, pour avoir occasionné depuis trente ans les grands maux de la patrie.

Les capitalistes habitent de préférence ce quartier opulent, d’où n’approche jamais la misère, qui se réfugie ailleurs. Qu’est-ce qu’un capitaliste, me dira-t-on ? Est-ce une bonne tête, une tête sensée, un homme