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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/335

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forment plus de quarante volumes in-folio. Une seule feuille d’impression rapporte au souverain plusieurs millions ; mais il ne dépense plus rien pour mettre sous presse. Le directeur de son imprimerie rend encore 15 000 liv. par an au trésor royal.

Quand les rois impriment, leur imprimerie est bien gardée ; on ne leur vole pas leurs feuilles pour les contrefaire ; rien n’échappe, rien ne transpire ; ordinairement les ouvriers ne sortent pas. Mais l’imprimerie a une telle tendance à la publicité, qu’il arrive quelquefois qu’on connoît la nature de l’ouvrage royal, & que, malgré les doubles sentinelles & les barrières impénétrables, une feuille se glisse au dehors, & une fois échappée, c’est assez pour remplir l’univers. L’imprimerie est comme le feu électrique qu’on ne peut enchaîner qu’un instant, & qui revoie sans ceste à l’espace.

Béni soit l’inventeur des lettres & de l’écriture ! mais béni soit sur-tout l’inventeur de l’imprimerie, qui propage les grandes idées & les belles images ! Avant l’imprimerie,