Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 334 )

les livres étoient plus rares & plus chers que les pierreries. Nos aïeux ne lisoient point ; aussi étoient-ils féroces & barbares. On ne lit que depuis François Ier. Aujourd’hui vous voyez une soubrette dans son entre-sol, & un laquais dans une antichambre, lisant une brochure. On lit dans presque toutes les classes, tant mieux ! Il faut lire encore davantage. La nation qui lit, porte en son sein une force heureuse & particulière, qui peut braver ou désoler le despotisme, parce que rien n’est si contraire, si opposé au despotisme, qu’une raison sage & éclairée. Hé ! le moyen qu’un homme instruit de sa grandeur & de ses droits, puisse jamais se résoudre à devenir un vil esclave !

Jadis les Hollandois, aujourd’hui les Suisses, vendent & impriment les disputes théologiques, politiques & littéraires de toute l’Europe, & s’embarrassent fort peu quelle opinion doit dominer.