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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/7

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mais il m’avertit d’un coup-d’œil, qu’il remet à un autre temps la manifestation des pensées hardies dont il est travaillé ; il a peur qu’on ne les surprenne dans son cerveau, & son maintien grave & froid, semble recommander à tous la circonspection & la dissimulation politique.

La mère, qui faisoit encore la jeune, & qui paroissoit telle aux yeux de M. le subdélégué, s’apperçoit tout-à-coup qu’elle est vieille ; elle souhaite que la foule redouble : car un instinct secret lui dicte qu’elle n’a pas le ton du pays. Cependant la politesse est si grande, que la famille n’a pu remarquer sur les visages le moindre signe ; il n’y a que moi qui ai démêlé que tous les regards s’étoient amusés de l’honnête & plaisante famille.

Le grand frère se tient toujours droit à mes côtés ; mais comme il est jeune, & que sa physionomie est naïve, on voit seulement qu’il n’est pas façonné, & les regards malins l’ont toujours épargné dans la distribution des sarcasmes intérieurs.

Mes bonnes gens ne se douteront jamais